Le temps de L’argentique

Mon scanner photo vient de s’arrêter de ronronner.
Cela va faire plusieurs jours qu’il fait office de machine à
remonter le temps, 1992,1991,1990 …
Drome, Ardèche, Bouche du Rhône, territoire de mes
premières expérimentations photographique.
Je redécouvre à l’aube de mes 50 ans mes premiers déclenchements, mes premières hésitations en à peine vingt pellicules. Des rouleaux
de film 120 avec 12 poses aux pellicules 24×36 de 36 poses.
Moins de 400 clichés en trois ans.
Des centaines de déclenchements pour éveiller ma curiosité.
Je ne pouvais croire à 17 ans alors, qu’en un seul weekend, une trentaine d’années plus tard, je pourrais déclencher un millier de photos avec
un téléphone.
Les débuts furent laborieux, charger un film 120 dans
l’appareil photo Semflex et changer d’objectif du reflex
Nikkormat m’étaient mes nerfs à dure épreuve. Décrypter
l’usage de la cellule pour mesurer la lumière avec une simple
notice me paraissait aussi insurmontable.
Mes premiers livres techniques photo, je les achèterais bien
plus tard, sans me douter, là aussi, que j’en écrirais à mon tour.

Je m’imaginais alors aventurier, explorant les ruines d’un
château et le survolant ensuite en Ulm.
Reporter sportif en photographiant le tour de France,
l’atterrissage d’un dirigeable et les copains à l’entraînement
de boxe. Il y avait aussi le premier autoportrait, la famille et
les chats…
Aujourd’hui, en sortant un film 120 d’un appareil photo
moyen format, en humectant le film comme un timbre pour le
sceller, son goût de réglisse me rappelle la liberté de mes
photographies originelles.

Jérôme Geoffroy